Enfant dans le Pays de Bray à Forges les Eaux, Hubert Michel passait des heures avec le gros
bouton de la radio. Il a en conséquence entendu un vaste champ musical, était curieux des
fourmillements de bruits et de sons pro- voqués par le balayage des ondes entre les stations.
En 1998, durant ses années d’étude technique, il découvre la musique électroacoustique. Elle
permet d’allier écoute et pratique musicale avec l’utilisation de machines, sans le solfège
traditionnel. Il décide de se consacrer à la composition de musique concrète.
il étudie la musique électroacoustique durant quatre années avec Roland Cahen, Christine
Groult et Roger Co- chini. Il passe avec succès son DEM de composition électroacoustique en
2002 et collabore comme intervenant pédagogique avec l’IMEB (2001-2002 Bourges) puis
Césaré (2004-2008 Reims).
Sa musique prend sa source dans la captation de sons, de paysages sonores, de synthèses.
L’ordinateur est pour lui un espace virtuel où les objets sonores prennent vie. Depuis le début
de sa pratique de la musique élec- troacoustique, il est fasciné par la possibilité de mettre en
espace les sons. Au fil des années, il s’est constitué un système de diffusion pour la restitution

spatiale des musiques concrètes : La Bétonneuse. Il propose donc des concerts de haut-
parleurs, concerts de cinéma pour les oreilles.

Essentiellement basé sur les rapports aux signes, le travail de Franck Dubois met en exergue
la simplicité d’un point de vue, qu’il soit visuel ou sonore. Une lecture à priori simple mais qui
demande ou suggere toutefois une attention du spectateur. Ce travail parle et pose la question
de l’attention. Plus spécifiquement les installations et dispositifs questionnent la position du
spectateur, sa relation à l’espace et sa disponibilité en terme de temps.
La société dans laquelle nous vivons sollicite sans cesse notre appétit à l’image, alors que les
ondes qui viennent frapper nos tympans ne s’arrêtent jamais. Bien au-delà de l’harmonie et de
la musique, le monde qui nous entoure produit une quantité impressionnante de données que
nos oreilles reçoivent sans que nous y prêtions réellement attention. Alors que notre système
auditif, extrêmement complexe est rendu paresseux par notre manque d’attention, par les
formats de compressions (mp3, débits internet, miniaturisation, etc.), nous nous di- rigeons
inexorablement vers une pauvreté de l’écoute.
Ses intentions plastiques se portent vers une redécouverte du son qui se donne à écouter bien
plus qu’à entendre, qui suppose une attention tendu vers l’impalpable, l’insaisissable et qui
constitue néanmoins une expérience physique, épidermique.
Le son, l’espace sonore et ses représentations sont au centre de ses préoccupations depuis
une quinzaine d’an- nées, et plus particulièrement récemment sur son aspect contextuel
(dispositifs in situ et en temps réel). Franck Dubois est aussi membre du duo de musique
expérimentale MLFD et dirige |’Atelier(s), une programmation de musiques expérimentales et
improvisées basée à Evreux

Durant mes études de composition de musiques électroacoustiques, j’ai découvert que
“l’espace” est un paramètre musicale à part entière. Ce paramètre est d’ailleurs écrit dans les œuvres électroacoustiques, il est ensuite interprété en concert sur des systèmes sons multi-

phoniques.

Au fil des années j’ai developpé “la Bétonneuse”, mon propre instrument de spatialisation du son en direct (inspiré du Cybernéphone). La caractéristique de celui ci est de pouvoir s’adap-ter à toutes propositions sonores et expérimentales. On peut y jouer des œuvres concrètes, acousmatiques, mais aussi des œuvres composées en direct ou improvisées.

La proposition de Franck Dubois d’utiliser cet instrument pour mettre en avant une attitude
d’écoute du réel m’apparait comme une nouvelle approche de la mise en espace des sons
capturés en direct, de rendre aussi la pertinence de notre écoute face au monde, notre rapport
au réel.
Hubert Michel