Laboratoire de Recherche
Recto/Verso est un projet de recherche à géométrie variable initié en 2020 par Julie Monnet et Benoit Pierre, membres du collectif Acte. En 2021, ils ont ouvert ce laboratoire à deux autres artistes : Kristina Depaulis et Evelise Millet. Leur démarche croise également le regard de Patrick de Haas, historien de l'art.
Son objet est d’explorer les spécificités et les particularités qui peuvent naître d’une mise en jeu des deux éléments recto et verso, qui forment un tout et sont définis comme contigus et opposés. Ce projet d’atelier de recherche suggère aux chercheurs (artistes, historiens, critiques, scientifiques...) qui y participent un ensemble d’investigations sur les relations établies entre les deux côtés d’une même chose et leur interface, dans toute leurs potentialités plastiques et conceptuelles.
Recto/Verso est un laboratoire, un terrain de jeu et d’expérimentation favorisant les conversations d’artistes, la circulation des points de vues. Un objet de recherche travaillé à partir de positions singulières et différenciées qui forment une constellation plus qu’un espace rhizomique avec des corrélations au sein des pratiques personnelles (tranche, face A/B, devant/derrière, interstice, passage, miroir, découpe, coupe, trouée, visible/invisible, double face...).
Depuis 2020, le Laboratoire de Recherche Recto/Verso a participé au long court à 3 résidences de recherche : deux résidence courtes au Lycée Pilote Innovant International (Nouvelle-Aquitaine) et à Échangeur 22 (Occitanie), une résidence de 15 jours dans le cadre du programme "Résidence Ressource" d’Échangeur 22 en Août 2021.
Actuellement, Recto/Verso présente ses recherche au centre d'art Angle, dans le l'exposition collective Intervalle.s. visible jusqu'au 15 janvier 2022
Recto/Verso continue de déployer son laboratoire de recherche, notamment sur le territoire de Rochefort (Nouvelle Aquitaine) au Lycée Gilles Jamain en intervenant en direction de la section broderie.
Benoit Pierre
Né en 1965.
Vit et travaille à Poitiers
Benoit Pierre vit et travaille à Poitiers et à Dieulefit. Formé au graphisme et à l’architecture, il mène depuis 1999 une recherche plastique qui circule entre différents medium l’installation, la performance, la photographie et le dessin. Il enseigne de 2002 à 2007 à l’École des Beaux-Arts de La Réunion et crée l’association transdisciplinaire « Traverse 974 ». En 2006, il met en place son projet « Dispositifs circulaires ». En 2007, il obtient la Bourse d’aide à la création FIACRE (Ministère de la Culture) et part en résidence à la Cité internationale des Arts à Paris. Fin 2007, il part vivre à Belgrade où il expose pour la première fois en août 2009 dans la Galerie O3one. Septembre 2009, il est en résidence aux Cultures Communes de Loos-en-Gohelle (Scène nationale). En 2010, il réalise trois expositions personnelles, en mars à la Gallery of Contemporary Fine Arts à Nis (Serbie), en avril au Cultural Center of Leskovac (Serbie) et en juin aux Salaisons à Romainville (France). Juin 2011, son projet pour le 1% artistique du Collège Nelson Mandela est retenu, il rentre en France et s’installe à Poitiers. En 2013, son projet « Réminiscences » est retenu dans le cadre des résidences de création « Ecritures de lumière » (DRAC Haute-Normandie).
Sans titre,
Projet National Story Kit, papier cristal solarisés, baguette, plateau, tréteaux bois.
Dimensions variables, Angle, 2021
Julie Monnet développe une pratique polymorphe autour du paysage en dessin, photographie et prélèvement de matériaux. Cette archive du visible, ce qu’elle perçoit à un moment donné, s’apparente à des rushs, focus, plans rapprochés ou larges. C’est une mémoire en travelling qui tente d’agir comme un panoramique en séquences et dont elle se sert à l’atelier. Le déplacement lui est nécessaire, il est de l’ordre de l’instinct. Son processus de pensée est flexible, sans médium de prédilection en adaptant une technique, un outil à ce qu’elle souhaite présenter et représenter. Elle donne à voir les miroitements, les reflets d’une perception en mouvement : une atmosphère, un agencement de formes et de matières, une pensée.
Kristina Depaulis cherche l’autre, le mouvement, la mémoire et sa perte, elle crée des enveloppes-objets sculptures pour des lieux, des corps, elle les retourne, elle les situe, elle les propose pour qu’on dispose, elle les rends solubles, elle échoue, elle recommence. Elle couds, Elle lie, elle joue de l’envers, de l’entre deux, du décalage, Elle prends de petits risques.Terrain d’exploration ; Il est question d’expériences de l’espace et de points de contact avec l’autre dans un temps donné par l’activation de mes propositions. La perception est en jeu impliquant une lecture du « lieu contenant » soit par la pratique des objets soit par la perception de quelqu’un les pratiquant. L’individu qui est dedans est renvoyé à sa propre présence et devient alors une sculpture mobile. Dans ce contexte précis (l’instant, le lieu au sein duquel se déroule l’événement et les individus présents...) les objets provoquent l’organisation d’une situation propre, unique. Ils se déplacent, se retournent avec le corps et la manipulation qui en est faite et créent une scénographie renouvelée témoignant des différents passages.Chaque nouveau travail prolonge ce dialogue et immerge dans le présent du corps en acte. Ces présents multipliés déploient une mémoire qui s’inscrit dans les objets par palimpseste soit inhérent : l’usure, la salissure, soit construit dans la forme même de la pièce réinterrogée à chaque nouvelle exposition.
Diplômée de l’ésal d’Épinal et de l’ésam de Caen (2013), sa pratique artistique est pluridisciplinaire, incluant la photographie, la sculpture et l’édition. Le dessin en est l’ossature. Elle développe une écriture plastique envisagée comme une construction particulière : chaque élément – objet, ligne, texture – en devient le matériau. Son travail actuel l'a amèné à déployer le dessin hors de son support, adaptant le médium à la recherche en cours. Son attention se porte sur les formes existantes dans le paysage, le bâti et ses usages.La méthode de travail intègre des déplacements en France et à l’étranger, les découvertes de territoires, de leurs aménagements, des mutations. Entre nature factice et infrastructures façonnées par l’homme, les dessins et volumes donnent à voir des espaces aux lectures multiples, venant contrarier la compréhension de l’espace de la représentation. En explorant les dispositifs de vision, les fausses perspectives et les juxtapositions de plans, elle pose la question de la représentation. Evelise Millet puise dans différents corps de recherche tels que l’urbanisme, l’architecture et le paysagisme pour en extraire plusieurs modes de rapports au monde et renouveler la relation nature et culture.Un récente résidence au Maroc l’amène à poursuivre un travail sur le rempart et l’enceinte, et à ouvrir sa recherche vers une origine du bâti, de la fondation. Les contrastes entre espace public et espace privé l’intéressent particulièrement. Sa recherche actuelle se base sur une conception de la ville " en creux ".
Résidence Ressource Échangeur 22
du 9 au 23 août 2021
Echangeur 22
30126 Saint-Laurent des Arbres
Dans le cadre de son programme de Résidences Ressources, Échangeur 22 a accueilli durant 15 jours le Laboratoire de recherche Recto/Verso.
Les 4 artistes associés au projet ont pu mettre en rapport et échanger sur leur recherche et proposions plastiques. Patrick de Haas est venu durant 3 jours échanger et apporter un regard critique et historique sur le travail et les recherches menées.
Ainsi pour Kristina Depaulis, le mur devient feuille de papier. Sa paroi, tombée au sol, laisse un verso visible pour devenir une nouvelle peau : une « pièce de tissus » dont elle extrait des gabarits de vêtements à habiter, jeux de retournement incessant où l'expérience est au cœur de la pratique.
Evelise Millet , "À partir d’un travail sur l’ornement architectural et la notion de remparts, le travail se développe autour du seuil, des espaces intermédiaires, poreux, notamment à travers ce qui est vu et ce qui est soustrait au regard. Plusieurs gestes ont été mis en œuvre : creuser, trouer, mouler, croiser, faire et défaire."
Benoit Pierre travaille dans la membrane, dans l'interstice de la matière papier qui relie le recto au verso, une relation de subordination semble ébranlée.
Julie Monnet tente par différents outils et moyens - moulages, photographies et jeux optiques - de rassembler sur un même plan, dans un même espace, ce qui habituellement ne se voit pas en même temps. Une tentative de rassembler plutôt que de séparer.
Exposition Intervalle.s
du 6 novembre au 15 janvier 2022
visible du mercredi au samedi de 16h à 19h
Angle art contemporain
Place des Arts,
12 Rue Notre Dame,
26130 Saint-Paul-Trois-Châteaux
Intervalle.s
Echangeur22, résidence artistique.
Août 2021, E22 reçoit en deux temps trois structures autonomes en résidence. Les deux premières structures dans le cadre d’un échange, Houloc|Pamela (H|E|P). La troisième, le collectif ACTE, dans la continuité de résidences ressources et recherches amorcées en 2020 pour le projet Recto/Verso.Hasard de calendrier, l’association Angle Art contemporain propose alors, une carte blanche à E22 pour une exposition « qui envisage d’autres possibles ». La connexion est faite, l’idée s’axe autour de la question des lieux autonomes et des pratiques expérimentales, sur les nouveaux territoires de création que sont les artists run spaces.
La proposition se veut être la ligne de partage et d’échange entre les structures, le temps d'une restitution combinatoire et organique. La restitution ici proposée se place sous les hospices de l’informel et du laboratoire faisant écho aux recherches amorcées à E22.
Evelise Millet
Julie Monnet
Sans titre,
tirages sur plexiglas, supports bois.
2020/2021
A droite : Evelise Millet, Seuil, tapis caoutchouc et poussière de seuils. 2021
Kristina Depaulis
Benoit Pierre
Sans titre, Projet National Story Kit,
papier cristal solarisés, baguette, plateau, tréteaux bois.
Angle, 2021